La Trahison - Philippe Faucon

2ème séance dans le cadre du cycle annuel organisé en collaboration avec le Musée national de l’Immigration et le groupe de recherche ACHAC consacré à la guerre sans nom. Le film de Philippe Faucon a été choisi en raison de sa qualité : la problématique abordée permet d’aborder différents aspects de la guerre d’Algérie.

Cette séance a réuni près de 186 jeunes d’établissements de région parisienne mais également de Bretagne !

  • le collège Chantereine à Sarcelles (3ème)
  • le lycée Jean-Jacques Rousseau à Sarcelles ( 1ère – Ter)
  • le collège Gustave Courbet à Romainville (3ème)
  • le lycée pro Jean-Baptiste Clément à Gagny (2ème)
  • le collège Jules Simon à Vannes ( 2 classes de 3ème)

Aucune séance virtuelle ne pourra égaler la puissance émotionnelle d’une vraie séance de cinéma que Cinéma pour Tous est heureuse d’organiser depuis plus de 15 ans MAIS cette année aura permis d’explorer un nouveau sentier – celui du virtuel ! – et il faut bien reconnaître que faire bénéficier des élèves de Vannes (Bretagne) et bientôt d’ailleurs, aux séances et aux rencontres est très exaltant.


Des remerciements, des questionnements : beaucoup de réactions très pertinentes sont apparues très vite sur l’écran . Isabelle Giordano sélectionnait et regroupait les questions auxquelles Philippe Faucon a répondu avec beaucoup de sincérité.
Ces propos étaient un peu des » petits cours d’histoire » car il a une vraie connaissance de son sujet.
Plusieurs réactions allaient dans le même sens : cette historie n’est pas apprise à l’école !

Collège Marie Curie aux Lilas :
« C’est un sujet que nous n’abordons pas ou peu. À l’école, et même à la maison. On en a entendu parler mais on ne sait pas vraiment de quoi il s’agit. »
 
Collège Gustave Courbet (Romainville)
« Les élèves disent qu’ils connaissent l’existence de cette guerre mais qu’ils ne savent pas tellement à quoi cela fait référence «
 
Philippe Faucon :
« Oui on en parle assez peu dans les établissement scolaires. Dans ma génération, c’était totalement absent. Par la suite ça a évolué, c’était très peu abordé au niveau des programmes, ça dépendait des enseignants, certains le faisaient, d’autres moins. Maintenant quand même on en parle plus.

Fréderic Callens :
« Il y a eu un vrai déni, un tabou. Aujourd’hui c’est en train de se dépasser avec le risque du prisme qui surdimensionne. C’est notre travail au musée de l’immigration, articuler cet évènement, le resituer dans une histoire plus longue, l’histoire d’un empire, les guerre coloniales… »

Collège Jules Simon (Vannes)
« Pourquoi avoir choisi cette histoire pour parler de la guerre d’Algérie ? »

Isabelle Giordano
« Oui d’ailleurs ce n’est pas un film de guerre, c’est un film sur la guerre «

Philippe Faucon
« C’est un film sur une guerre psychologique. Cela permet d’illustrer la situation où ces jeunes appelés se trouvaient, ces interrogations. Pourquoi on est là ? Pourquoi on fait ça ? La guerre d’Algérie est pleine de toutes ces ambiguïtés. C’était une guerre d’embuscades, une guerre d’attente … ce n’était pas une guerre entre 2 camps égaux «
 
Lycée Jean Baptiste Clément (Gagny)
« Peut-on imaginer des français combattre pour le FLN ?
 
 
Philippe Faucon
« Mais il y en a eu. Comme il y a eu des français en métropole qui s’engageaient, les porteurs de valise, des prises de position politique, il y a eu aussi des algériens qui revenus en France s’appelaient les harkis et qui n’ont pas eu le traitement qu’ils auraient dû avoir »
 
D’autres questions sur le conflit de loyauté :
 
Lycée jean jacques Rousseau (Sarcelles)
« Lutter pour la France quand on est algérien, est-ce trahir l’Algérie ?
 
Philippe Faucon
« Les gens combattaient pour la France pour pleins de raisons différentes, des très pauvres qui n’avaient pas le choix, des gens enrôlés, et aussi des gens qui croyaient aux valeurs de la France… »

Un souci technique (le fichier numérique n‘était pas sous-titré) et quelques répliques en arabe n’ont donc pas été comprises par l’ensemble des jeunes.
Cela était contrariant mais a donné lieu à des interprétations et à des réflexions tout à fait intéressantes sur la langue et ses usages :
 
Collège Marie Curie
« J’ai cru que c’était fait exprès pour renforcer le manque de communication entre les 2 «

Philippe Faucon a répondu en parlant « Cinéma « Comment la mise en scène justement permettait de se mettre dans tous les personnages pour que le spectateur ait toutes les données…Il aussi parlé de la langue du « pouvoir » celle que l’on parle entre nous pour ne pas se faire comprendre, le besoin qu’avait les français d’avoir des interprètes mais aussi le pouvoir qu’ils leur donnait.
 
Le débat s’est terminé sur l’évocation de la vie personnelle de Philippe Faucon, sa naissance au Maroc, d’un couple mixte, sa sensibilité à ces questions.
Isabelle Giordano a recommandé quelques titres de films pour que les professeurs qui le souhaitent puissent continuer la réflexion et les échanges :
–  la guerre sans nom de Bertrand tavernier
–  Avoir 20 ans dans les Aurès de René Alliot
–  La question de Laurent Heinemann