Cinéma pour tous a découvert Maïmouna Doucouré lors de la sortie de son court métrage Maman que l’association a présenté à son public de jeunes collégiens en 2013. Nous devions présenter Mignonnes en avant-première lors de sa sortie prévue en avril 2020 mais elle a été reportée à cause de la crise sanitaire. Lors de sa sortie américaine, le film a été victime d’une polémique qui a nuit au message de la réalisatrice mais qui a paradoxalement donné au film une notoriété importante et imposé le débat sur l’hypersexualisation des jeunes filles et ses conséquences toxiques.
Nous étions ravies de proposer ce film au public de l’Institut de l’Engagement, qui apprécie particulièrement ces thématiques engagées qui suscite un débat très intéressant à la suite du film. La plupart n’ont pas compris la polémique en question et se sont demandés si la représentation de la réalité n’était finalement pas plus dérangeante que la réalité elle-même ? Près de 300 lauréat.e.s ont participé à cette séance qui a provoqué beaucoup de réactions en ligne, d’applaudissements, de chaleureux remerciements (visibles sur le tchat de la plateforme de la 25ème heure) et des témoignages d’identification à l’héroïne très touchants.
Maïmouna Doucouré a répondu longuement avec beaucoup de générosité à l’ensemble des questions :
Au début du film tout est très coloré, très lumineux, c’est la façon dont Amy voit le monde. Très arc-en-ciel. Au fur et à mesure du film, on voit que tout s’obscurcit, les murs s’assombrissent et se rétrécissent, comme l’état émotionnel du personnage. (…) La danse comme moyen de libération de son corps, de son esprit et de libération par rapport à tout ce que sa mère lui a inculqué. (…) Je suis partisane de l’éveil de l’esprit critique. Il faut montrer un maximum de modèles aux enfants pour leur montrer qu’il n’y a pas que ceux sur les réseaux sociaux qui mettent leurs corps en exergue. (…) C’est important l’identification, je veux qu’une petite fille qui regarde le film se dise « c’est beau d’avoir les cheveux afros» (…) C’est aussi la petite fille que j’étais que je raconte, la petite Maïmouna a 11ans qui observait toutes les injustices envers les femmes et se sentaient impuissantes face à ça. J’ai gardé d’une certaine façon cette rage en moi et je suis aujourd’hui soulagée de pouvoir la mettre au service de la création. (…) Le cinéma est un outil qui permet de poser un regard sur le monde. L’image peut servir à éveiller les consciences et changer les mentalités. C’est ma façon de m’engager.
Et de répondre aux polémiques par cette phrase :
Je montre la Lune alors s’il vous plaît, ne regardez pas mon doigt.
Je n’ai pas créé l’hypersexualisation, je ne fais que la dénoncer.